Les Hidaarebs (environ 2,5 % de la population, également appelés «T’bdawe») vivent principalement en tant que nomades le long de la frontière avec le Soudan, où on les appelle «Bedja», et leur langue le «bedawiyet». Les Hidaarebs sont musulmans. Le sous groupe «Halenqa» parle principalement arabe. Certains des «Beni Amers» qui vivent dans l’ouest de l’Érythrée et dans l’est du Soudan parlent la même langue que les Hidaarebs ou les Bedjas et sont donc parfois considérés comme appartenant à ce groupe ethnique. Toutefois, en Érythrée, les Beni Amers parlent généralement le tigré.
Antiquité
- Les Bedja ont occupé une zone géographique stratégique entre la vallée du Nil et la mer Rouge. Cette région leur a permis de participer activement aux échanges commerciaux entre l’Afrique, l’Arabie et le bassin méditerranéen.
- Les Bedja contrôlaient les routes du commerce des épices, de l’or, et d’autres ressources précieuses. Ils ont également exploité des mines dans le désert oriental, notamment pour l’extraction d’or.
Période classique et interactions gréco-romaines
- Les auteurs grecs et romains, comme Strabon et Ptolémée, mentionnent les Bedja sous des noms comme les Blemmyes, un peuple nomade et guerrier qui habitait les déserts entre la vallée du Nil et la mer Rouge. Les Blemmyes étaient connus pour leurs incursions dans les territoires égyptiens.
- Ils ont parfois été en conflit avec l’Empire romain, mais ont également servi comme mercenaires dans les armées romaines et byzantines.
Moyen Âge : Islamisation et mutations
- À partir du VIIe siècle, avec l’arrivée de l’Islam, les Bedja ont commencé à se convertir progressivement, bien que certains aient maintenu leurs croyances traditionnelles. L’Islam a été introduit par les marchands arabes traversant la mer Rouge.
- Les Bedja ont résisté à l’arabisation directe pendant plusieurs siècles, préservant leur langue et une grande partie de leurs traditions. Cependant, ils ont adopté certains éléments de la culture arabe, notamment dans la structure clanique et le vocabulaire.
Relations avec les royaumes voisins- Les Bedja ont souvent été en contact avec les royaumes chrétiens d’Éthiopie (comme Axoum) et les sultanats musulmans de la région, jouant parfois un rôle d’intermédiaires.
- Au Moyen Âge, les Bedja ont établi plusieurs petits cheikhats et sultanats, comme le Sultanat de Belou, qui a prospéré grâce au commerce et à la domination des routes du désert
Époque moderne et coloniale
- Sous l’influence coloniale, les territoires Bedja ont été divisés entre les empires britannique et ottoman, puis répartis entre l’Égypte, le Soudan et l’Érythrée. Les Bedja ont souvent résisté aux autorités coloniales en raison de leur mode de vie indépendant et de leur attachement à leurs terres.
- Pendant la lutte pour l’indépendance de l’Érythrée (1961-1991), les Bedja ont été impliqués dans les conflits, bien que leur participation ait souvent été marginalisée dans les récits officiels.
Religion
- Aujourd’hui, la majorité des Bedja sont musulmans sunnites. Cependant, l’islamisation s’est étalée sur plusieurs siècles, et certaines pratiques préislamiques persistent dans leurs traditions.
- Les pratiques spirituelles traditionnelles incluent le respect des forces de la nature, comme les montagnes et les sources, qui jouent un rôle dans les récits mythologiques des Bedja.
Culture matérielle
- Les Bedja sont connus pour leur artisanat, notamment :
- Le travail du cuir, utilisé pour fabriquer des sacs, des selles et d’autres articles nécessaires à leur mode de vie nomade.
- Les bijoux en argent, souvent ornés de motifs géométriques.
- Leur habillement traditionnel est simple mais distinctif, adapté aux climats chauds et au désert.
Marginalisation
- Les Bedja sont souvent marginalisés dans les trois pays où ils vivent (Érythrée, Soudan, Égypte). Ils manquent d’accès aux infrastructures modernes, à l’éducation et aux soins de santé.
- En Érythrée, leur territoire est soumis à une militarisation accrue, et les Bedja doivent composer avec les pressions du gouvernement central.
Changement climatique
- La désertification et les changements climatiques affectent gravement leur mode de vie nomade. La rareté des ressources, notamment de l’eau et des pâturages, pousse de nombreux Bedja à abandonner le pastoralisme pour chercher des moyens de subsistance alternatifs dans les villes.