Langues

Les langues en Erythrée
Il y a 9 langues en Erythrée tigrigna, tigré, arabe, afar, saho, bilen, bedja, kunama, nara

Le dahalik, découvert en 1996, parlé par 2000 personnes environ n’est pas répertorié comme langue nationale



Panorama de la situation linguistique En Erythrée

Après une guerre qui a duré trente ans, la plus longue qu’ait connue le continent africain, l’Erythrée a accédé à l’indépendance en mai 1993. L’Etat érythréen a désormais trois langues officielles qui sont aussi des langues de travail : le tigrigna, l’arabe et l’anglais.

Les citoyens appartiennent à neuf ethnies nationales différentes, chacune ayant sa propre langue maternelle (ou langue vernaculaire). Deux langues servent de langues de communication (ou langues véhiculaires) : l’arabe (dans une variété parlée spécifique) et, à un degré moindre, le tigrigna.

Selon leurs fonctions et leur statut institutionnel, les langues en Erythrée peuvent donc être réparties en trois groupes : les langues officielles, les langues vernaculaires et les langues véhiculaires.

Dans la deuxième moitié du XX e siècle, la situation linguistique en Erythrée a été profondément modifiée en raison de la colonisation, des famines, des guerres que le pays a dû affronter. Pendant la guerre d’indépendance, la mobilité des populations, ainsi que l’alphabétisation des adultes et la scolarisation au Front ont mis en contact des Erythréens de langues différentes et permis l’apprentissage, puis l’usage de langues autres que la langue maternelle. Ce sont autant de phénomènes qui ont remodelé le paysage linguistique du pays.

Actuellement, il n’y a plus de région monolingue : la situation qui prévaut est celle du bilinguisme, et même très souvent du multilinguisme, sauf dans les régions reculées, pour les femmes qui n’ont jamais été scolarisées, comme c’est le cas dans certains endroits de la Dankaliyya ou sur l’île de Dahlak Kebir. La politique menée depuis l’indépendance par l’Etat érythréen en matière d’éducation a favorisé cette tendance.

Beaucoup d’Erythréens ont ainsi une connaissance active d’une ou de plusieurs langues différentes de leur langue maternelle. De plus, ceux dont la langue maternelle est une variété de l’une des langues nationales ou véhiculaires vivent une situation de diglossie : selon les circonstances, ils passent du registre standard au registre de la langue quotidienne . C’est le cas pour les locuteurs de langue maternelle tigrigna ou arabe.

Ce qui distingue l’Erythrée n’est cependant pas cette situation plurilingue et pluriculturelle, que connaissent beaucoup de pays, en Afrique notamment, mais bien plutôt la politique de défense et illustration des cultures et langues nationales menée par l’Etat, qui est peu ordinaire, pour ne pas dire exceptionnelle. Les langues officielles Il faut préciser que les langues officielles, ayant nécessairement un usage écrit, sont soumises à une norme standardisante. Elles constituent une sorte de koinè qui diffère de leurs variétés parlées en tant que langues vernaculaires ou véhiculaires.

Ces langues sont au nombre de trois en Erythrée : le tigrigna, l’arabe et l’anglais. Le statut des deux premières est multiple sur le plan institutionnel : langues officielles, nationales, langues de travail et langues véhiculaires. L’anglais n’est pas une langue nationale, mais il a un statut de langue internationale.

L’arabe est, lui aussi, un moyen de communication international à une échelle plus réduite, celle du monde arabe. A l’intérieur de l’Etat, le tigrigna et l’arabe sont utilisés dans l’administration, dans les milieux culturels et universitaires, le commerce, les médias, dans tout ce qui concerne les relations entre les citoyens et l’Etat.
Ces deux langues jouissent en outre d’un prestige lié à la religion.
L’arabe, langue du Coran, est sacré pour tout musulman. Quant au tigrigna, c’est la langue liturgique qui remplace le guèze dans les offices religieux chrétiens. Ces deux langues ont joué, à des degrés divers, un rôle important dans la construction de l’identité nationale. En 1959, le gouvernement éthiopien imposa en effet l’amharique, dénia le statut de langue officielle à l’arabe et bannit le tigrigna de l’ensemble de toute la vie publique. Aussi l’arabe et le tigrigna devinrent-ils les langues officielles de la Fédération, puis les langues officielles au Front .

Les langues nationales vernaculaires Les langues nationales sont aussi des langues vernaculaires, langues maternelles, langues premières de leurs locuteurs. En Erythrée, elles sont au nombre de neuf : tigrigna, tigré, arabe, afar, saho, bilen, bedja, kunama, nara. Le dahlik, découvert en 1996, n’est pas répertorié comme langue nationale.

Toutes ces langues appartiennent à deux grandes familles linguistiques différentes, le chamito-sémitique, aussi dénommé afro-asiatique, et le nilo-saharien. A l’intérieur du groupe chamito-sémitique, le sémitique est ici représenté par des langues éthio-sémitiques que l’on rattache au sémitique occidental méridional (le tigrigna, le tigré et le dahlik) et par l’arabe; le couchitique par l’afar, le saho, le bilen et le bedja.

Quant au kunama et au nara, ils sont classés parmi les langues nilo-sahariennes. La langue maternelle est utilisée pour la communication entre les membres de la famille, de la même communauté ou ethnie, et, au niveau local, dans les discours administratifs et politiques et dans les meetings.  

Les informations sur les langues d’Erythrée, proviennent du livre :
Simeone-Senelle, M.-C. (2000). « Les Langues en Erythrée. » in Chroniques
Yéménites n° 7, pp. 167-173.