Economie

Économie de l’Érythrée – Vue d’ensemble

L’Érythrée, pays de la Corne de l’Afrique, a une économie dominée par l’État, largement militarisée et caractérisée par un isolement politique et commercial international. Depuis son indépendance en 1993, l’économie reste sous-développée, dépendante de l’agriculture de subsistance, de l’extraction minière et, dans une moindre mesure, de l’aide de la diaspora. 

Déficits structurels et faiblesses

1. Économie centralisée et militarisée

  • L’État contrôle pratiquement tous les secteurs économiques. La conscription militaire à durée indéterminée prive l’économie d’une grande partie de sa main-d’œuvre active.

  • Les jeunes, au lieu de travailler ou entreprendre, sont affectés à des « services nationaux » sous-payés, souvent à durée indéfinie.

2. Absence d’économie de marché

  • Faibles incitations pour l’investissement privé.

  • L’économie informelle est importante mais soumise à une surveillance constante.

  • Manque d’institutions financières modernes (pas de marché boursier, secteur bancaire très limité).

3. Isolement international

  • Sanctions internationales passées (levées en 2018), mais méfiance persistante des bailleurs de fonds et investisseurs étrangers.

  • Aucun partenariat actif avec les grandes institutions financières internationales comme le FMI ou la Banque mondiale.

4. Manque d’infrastructures

  • Routes, électricité, eau potable et internet sont insuffisants et mal entretenus.

  • Les ports de Massawa et Assab sont sous-exploités en raison de l’absence de commerce régional et de tensions avec les voisins (notamment l’Éthiopie et Djibouti).

5. Faible productivité agricole

  • Agriculture dépendante des pluies (pas d’irrigation moderne).

  • Sécheresses fréquentes, désertification, sols dégradés.

  • Risque permanent d’insécurité alimentaire.

Difficultés économiques actuelles (2024–2025)

1. Inflation et pénurie

  • Monnaie instable (nakfa), taux de change officiel surévalué.

  • Pénuries chroniques de biens de consommation, carburant, médicaments.

  • Marché noir florissant.

2. Fuite massive de la jeunesse

  • L’exil des jeunes vers l’Europe ou d’autres pays d’Afrique prive le pays de son capital humain le plus prometteur.

  • Le travail forcé et le manque de perspectives économiques aggravent l’exode.

3. Impact des guerres et de l’alignement avec l’Éthiopie

  • Participation de l’Érythrée à la guerre du Tigré (2020–2022) a détérioré ses relations régionales et renforcé son isolement.

  • Méfiance internationale accrue, entravant les investissements.

4. Absence de statistiques fiables

  • Les données économiques officielles sont rares ou inexistantes.

  • Aucune transparence budgétaire ni audit public.

Perspectives et réformes possibles

Pour que l’économie érythréenne devienne viable et prospère, des réformes majeures seraient nécessaires :

Domaine Réformes nécessaires
Gouvernance Fin du service militaire illimité, libéralisation de l’économie
Investissement Créer un climat favorable aux investisseurs, simplifier les procédures
Diaspora Encourager l’investissement productif, au-delà des envois d’argent
Infrastructures Réhabilitation des routes, ports, électricité
Agriculture Irrigation, nouvelles technologies, sécurité foncière

Atouts de l’économie érythréenne

1. Ressources naturelles

  • Or, cuivre, zinc, potasse, argent, bauxite : L’Érythrée dispose de ressources minières considérables.

    • La mine de Bisha (gérée par une coentreprise entre la société canadienne Nevsun Resources et l’État érythréen) a été pendant des années la locomotive de l’exportation.

    • Le projet de potasse à Colluli (avec une société australienne) pourrait devenir stratégique à moyen terme.

2. Position géographique stratégique

  • Accès direct à la mer Rouge (port d’Assab, port de Massawa), au croisement des routes commerciales entre l’Asie, le Golfe, et l’Afrique de l’Est.

  • Potentiel pour devenir un hub logistique et portuaire, si la situation politique se stabilise.

3. Diaspora importante et active

  • Les Érythréens à l’étranger envoient des remises financières (transferts de fonds) estimées entre 300 et 600 millions USD/an, essentielles pour de nombreuses familles et pour soutenir les devises étrangères du pays.

4. Potentiel en énergie renouvelable

  • Ensoleillement abondant et présence de zones géothermiques offrent des opportunités pour les investissements en énergie solaire et géothermique.